Un drapeau, ça flotte énormément

drapeau

Après que le joyau national ait été emballé, par amour de l'Art, ne voilà-t-il pas que le même monument triomphe sur les réseaux sociaux et dans l'arc des médias pour avoir laissé briller sous son ventre les étoiles de la bannière européenne.

Mais comment, scandale, irrespect, valeurs qui foutent le camp, décrépitude et désolation, le tricolore qui fait nation ne prend plus les intempéries en haut des Champs ? Encore un coup du gilet de l'Elysée !

Oui, le drapeau dont il faut rappeler que le bleu du tryptique a déjà récemment été remodifié "dans le dos des français", a été dépendu, pour passer peut être en machine. On lui a substitué un symbole européen dans le même format, qui déplaît à droite et... à gauche. Y a soudain comme un flottement autour du chiffon nationaliste.

Je peux encore comprendre que les bourgeois du quartier, dont les fenêtres donnent directement sur les arches, aient soudain eu l'impression qu'on leur avait changé la déco du salon sans crier gare, mais que l'insoumission nationale monte à l'échelle à son tour, je ne l'aurais pas crû. Surtout que de drapeau, en fait, il n'y en a que les jours de fêtes... nationales.

Bien sûr, le coup est parti du côté de l'historien de la polémique, j'ai cité le zorro juif de la défense de la messe en latin. J'en perds d'ailleurs le mien, constatant que oui vraiment, un juif antisémite amateur de crèche de noël et de jésus en sucre, finalement, ça existe. He bien, le polémiste qui fait des photos de vacances dans les camps de l'armée française en Afrique, en compagnie d'un général cumulard, a illico réagi à la mise en machine du drap national tricolore. "saccage, outrage et profanation". Voilà les termes employés, de conserve avec le caporal antivax. La blonde d'Ile de France, propulsée candidate à l'élection présidentielle par la fine fleur de la droite et de ses extrêmes réunies, a cru bon d'en rajouter un peu sur "l'identité française bafouée". Pas mieux a dit l'autre blonde, pendant qu'elle relisait pour la 4e fois les derniers sondages d'opinion qui la placent devant Charles Martel.

Quel bel élan nationaliste et identitaire, que ce concert autour de la Nation ! Paraîtrait que les concerts debout sont quasi interdits, mais là, c'est semblant de vent debout qui s'exprime, alors... et même sans masque, ça reste du vent. Et ça fait flotter énormément, ... le vent.

Et cela vente tellement que côté extrême de la gogoche, ça finit par faire penser qu'il y aurait là un sujet d'une extrêeeme gravité, pour un 1er janvier. On ne va pas quand même commencer une nouvelle année en se faisant tirer le drapeau de dessous les pieds ! Tweets, indignation courroucée, les portes paroles se font portent drapeau, en tirant dessus pour le reprendre à ceux d'en face. On invoque 1793, le tricolore qu'on assassine. C'est le premier nationalicide de l'année. Terminée la fausse augmentation du salaire minimum, c'est l'appel à la république et au drapeau. Il ne sera pas dit que le souverain étendard sera supplanté par une couronne d'étoiles sur fond bleu, même pas laïque d'ailleurs. On aurait pu attendre le vendredi saint pour ça ! On vient juste de passer Noël. Et, sans même une pensée pour celles et ceux qui depuis des semaines, collent affiches et distribuent programmes, le staff national de l'insoumission fait dans le cocorico un ton au dessus, histoire de saper un peu le travail acharné de militant.e.s que drapeau tricolore et hymne national ne feraient pas vraiment vibrer.

Tous et toutes, dans un sanglot mêlé de Marseillaise mal montée, en appellent aussi à celui, inconnu, qui se retournerait dans sa tombe, tant il aimait sans doute la symbolique des guerres, drapeaux au vent. Après tout, lui infliger des étoiles, lui qui était peut être réfractaire aux généraux, c'est une insulte post mortem.

Voilà, c'était la polémique du jour de l'an. On en sort grandi, encore un peu sonné des vapeurs de la veille et des démonstrations cocardières d'aujourd'hui. Certain.e.s auront donc bouffé du coq gaulois deux jours de suite, faute d'avoir les moyens de se payer du chapon.

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