C’est pas Versailles ici

Versailles

C'est au pied des jets d'eau qu'on voit le changement climatique. Et ceux de Versailles n'échappent pas à la règle.

Cette sentence aussi évidente qu'une loi sur le "Pouvoir d'Achat" qui autorise "temporairement" à augmenter "légèrement" l'émission de gaz à effet de serre, en important du gaz de schiste, devrait nous faire réfléchir. Et ce ne serait pas du luxe, puisqu'en la matière, ce n'est plus Versailles depuis longtemps.

La décision a été prise, comme on "compense" une émission de CO2, de compenser l’absence de réflexion par une augmentation des profits. En France, on n'a plus d'idées, mais on a des actionnaires.

Compensons donc, et à la versaillaise.

Pour en revenir à notre sujet, je me propose d'en revenir à des occupations plus sérieuses par temps de canicule et d'incendies.

Vous aviez le choix entre Le Tour de France et la retransmission des débats à l'Assemblée, sur écran plat, dans l'obscurité d'un salon à 29° à peine refroidi par un courant d'air émanant de volets fermés. Soit la France de Cochonou en jaune, soit la France des "petits gestes" compensés.

Ayant renoncé à suivre un maillot à pois dans des montées qui n'en finissent pas, et encore davantage au jaune qui vire au brun à chaque occasion, j'ai donc suivi la France des petits gestes et des grands profits.

Et j'ai bien fait, car j'y ai vu et entendu comment la fachosphère qui piaffe aux portes du pouvoir pouvait encenser des miettes accordées par "nou't bon seigneur" au petit peuple, pour pouvoir mieux demain investir le château. De Versailles, bien entendu.

Tout est bon dans le Macron nous disent soudain les La Pen, s'arc-boutant avec toute la droite libérale contre l'augmentation du SMIC. Le RN, décidément, nous montre tout.

Car, en effet, regarder et voir une coalition de fait, du centre droit à l'extrême droite s'opposer à toute augmentation des salaires, et finir par voter une proposition qui figurait dans le programme présidentiel du Z, si ce n'était pas Versailles, en tous cas c'était sa Cour.

Dérogations multiples au droit du travail, à celui de l'environnement, détricotage du système social "compensé", retour aux aumônes patronales à géométrie variable en guise de rémunération du travail et par là-même créations de niches fiscales, privatisation des profits et socialisation des pertes, tout y est dans cette fausse loi sur le "Pouvoir d'Achat". Et voir des bras se lever répondant chaque fois à un "défavorable", pour repousser des "amendements" demandant à minima par exemple, que ces aumônes n'échappent pas à une contribution sociale, aurait pu nous laisser croire à une entrée de chaîne d'abattoir, devant laquelle se serait posté un mélange de playmobils et de nostalgiques de la croix gammée, suçant tous des pastilles Vichy. "Au suivant !".

J'ai je l'avoue, ri parfois, mais surtout applaudi celles et ceux qui, face à cet incendie néolibéral, où pyromanes et fournisseurs d'essence étaient aux premières loges, ont maintes fois tenté de l'éteindre. Mais comment prendre au sérieux un pompier sans cravate ?

A la Cour de Versailles, on s'habille Monsieur, on s'habille, et on compte.

Bref, ce tour de rance qui m'a occupé quelques heures à la fraîche, n'apportera au final aucune fraîche à celles et ceux qui en espérait, mais aura permis d'établir des ponts et connivences au sein de cette Cour aux intérêts divers, mais toute attachée à défendre les pouvoirs souverains du capitalisme. Et s'il fallait déroger, en pleine canicule et incendies, à quelques engagements sur le climat, on l'aura fait "Pour la rance", comme le disait un allumé du RN.

Alors, finalement, que dois-je tirer de ces "illusions perdues" que je n'avais pas à l'avance ?

Et bien, cela m'a fait penser que s'il est question de "compenser" aujourd'hui, il serait donc temps que je "compense" ma future crémation. Y avez-vous pensé ?

En effet, sachant qu'une "inhumation" émet l'équivalent en C02 d'un vol Paris New-York aller-retour, avec émission de méthane follet supplémentaire durant les dix années qui suivent, et qu'une crémation divise cela par 3, je partirai sur la deuxième issue pour envisager comme il se doit une "compensation carbone".

Bolsonaro me propose le "puit carbone" d'un hectare de soja transgénique conquis sur la forêt amazonienne et reconnu comme d'utilité durable dans les milieux financiers du "marché carbone". Je laisserai ça aux aficionados du facho et à notre renaissance nationale.

Non, je préfère moi planter un bel arbre pour les dix ans qui viennent, ou mieux encore, dix tout de suite, pour l'hiver prochain. Après, des précautions s'imposeront pour ne pas qu'ils brûlent avant moi.

Voilà une solution simple pour, après avoir éteint la Wifi, sauver la planète.

Je remarque pourtant que rien ne figure dans cette loi, pour juguler l'inflation des prix qui se fait jour sur les crémations. A cause du gaz russe, paraît-il. Mais, rassurez-vous, grâce au méthanier flottant qu'on installera bientôt au Havre, à horizon 2023 (c'est dans la loi), les prix se rétabliront.

Alors, une crémation au gaz de schiste ?

Va falloir du coup refaire les calculs, "provisoirement". Mais je pense qu'il reste une solution pour les plus pauvres d'entre nous : se faire cramer dans un incendie de forêt, en circuit court.

Bonne fin de canicule. Paraît que la rentrée pourrait être chaude aussi.

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