Le grand lever du Z

"Chaque jour, au grand lever, le Premier Médecin rendait visite au souverain, prenait son pouls, examinait ses selles et ses urines, puis, après avoir fait quelques commentaires sur ses humeurs, prescrivait ce que, pour son régime, le roi devait manger"

Ainsi en va-t-il désormais de la tâche quotidienne des premiers chroniqueurs de chaînes d'infos.

Ce qui hier nous laissa une expression courante, le fameux "comment allez-vous ?" est en passe de se restreindre, dans une certaine forme de journalisme scatologique, à un matinal et quotidien "comment va-t-elle" ou "comment va-t-il", selon qu'on visitera les cacas du jour de l'extrême droite ou ceux du Z. S'en suivront les conseils avisés du ou de la journaliste pornographe de la chaîne, sur le régime à suivre, pour le petit peuple cette fois, comme dans l'avant qui était mieux. Ces conseils sont désormais prodigués emballés dans des sondages, ce qui est, convenez en,  plus moderne que le clystère d'autrefois.

Les augures lisaient dans la tripe, le/la "journaliste" en quête d'audience, patauge dans ce qu'elle contient. Et celles et ceux qui, suspenduEs au bout de leurs ficelles, dans la lucarne du castelet, tentent d'éviter le bouillon, ne dépendent que des doigts qui les animent.

Trivialement, et il faut savoir parler populaire, c'est d'la merde !

Elle envahit tout désormais, et chacun vit  son expérience d'écran plat sous la menace d'un sondeur proctologue, toujours prêt à vous annoncer une flambée de température côté Z, faisant suite à ses excès de provocation de la veille. Pour celui ou celle qui n'apprécient guère les sondages au doigt mouillé, l'usage de l'écran sera donc à déconseiller, car ces grands lever du Z se répéteront encore des semaines durant, avant qu'un certain Père Noël n'y place sans doute un semblant d'interlude. Gageons toutefois que l'historien Z sera quand même interrogé sur l'origine américaine du bonhomme rouge et saura nous rappeler avec solennité combien autrefois "la famille était unie autour du Maréchal et du sapin". Et le même Z regrettera encore une fois ce bon temps où "on pouvait fourrer une dinde à la cuisine sans en faire tout un plat". Traduisons là sa façon toute populaire de pourfendre, en même temps, le woke et le mee too.

Oui, vraiment, ce lever de Z quotidien et ses prolongements jusque tard dans la nuit sont un triomphe pour l'audience des chaînes d'infos, dont les saillies sont désormais reprises en écho sur les réseaux sociaux et commentées/notées dans la baraque à foire d'un bonimenteur, sur la 8, au cas où de plus jeunes les auraient manquées.

Le Z, à son lever, raconte des histoires, paraît-il. C'est d'ailleurs pour cela que les journalistes à ficelles le nomment l'"historien". Chroniqueur, ils n'osent plus le dire, à cause de l'homophonie. Il y aurait des affaires en cours... D'autres, prompts à débattre avec lui, l'avaient même qualifié il y a peu "d'intellectuel", le jugeant même "brillant", au point de vouloir profiter de son éclairage.

Voici une histoire telle que je l'ai entendue. Vous ne direz plus que mon article n'est pas sourcé.

Le Z la situe dans un camp de concentration. Un type demande à l'autre "tu es français toi ?". L'autre lui réponds "ben voui". Et le Z termine en disant "Ben voyons, il aurait pu faire une réclamation !". En voilà de l'histoire, avec un grand H, comme l'essayiste feld gendarme aime les conter. Il y en a une autre, mais vous la connaissez sans doute, qui parle d'enfants juifs, de cour d'école, et de terre sainte, où ce serait trahison nationale de les y faire reposer. J'attends toujours qu'au moins, quelque part quelqu'unE dénonce le parti pris systématique du soutien aux bourreaux, avant qu'il ne réhabilite la profession, au fil de ses histoires, qu'il lit dans son grand livre, de scènes en obscènes.

Cela me fait penser que j'ai encore raté la date anniversaire de la mort du Maréchal. C'est Mitterrand qui me la rappelait avant. C'était pas le genre à oublier sa rose. Au fait, le prochain anniversaire du Z, c'est quand ? Doit bien en rester une qui traîne ? C'est sur invitation ?

La macronie nous a enseigné qu'il était possible de faire tant de choses "en même temps". Etre propriétaire de la quasi totalité des ports d'Afrique de l'Ouest, et faire, à la fois, de l'élevage en batterie de porcs médiatiques d'écran plat. La recette charcutière du Bolloré.

Comment ça, je suis radical ? Mes observations ne seraient pas constructives ? Mon écriture pornographique ?

Les campagnes ont bien changé vous savez. Et à cette saison c'est souvent l'odeur du lisier épandu qui domine, contrairement aux vers blanchissants de Victor Hugo. Et les campagnes électorales nécessitent aussi qu'on y mettent les bottes.

On assiste aux levers du Z, tous autant que nous sommes, en protestant vaguement, mais en regardant pourtant par dessus l'épaule du politique de devant, comme quand on aimait renifler l'odeur de la mort, avant, et apercevoir les jambes d'un cadavre, sur le bord de la route, au bon vieux temps où on ne nous imposait pas le 80, le permis à points et la ceinture de sécurité. Libertaille quand même !

CertainEs, pour se rassurer, nous disent que le "phénomène" passera, que la créature est automnale, que la "République" y mettra bon ordre. Mais, fonds de culotte de la ripoublique dérangée ou pas, les traces resteront collées au fond, et pour longtemps. Douce France, excellents français !

C'est drôle, avant que ces levers de Z ne deviennent notre pain radio télévisuel quotidien, j'écrivais encore sur le fascisme.

Tout cela me semble si loin déjà. Et... en même temps...

Au cas où, sachez que d'aucunEs résistent.


Image de Une : Frans van Mieris l'aîné (1635-1681) 

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