TV or not TV • La question

Long Feather, tribu des Dakota, et le Père Craft, 2 , photographie par David Francis Barry, années 1880

La question, ce mode de torture de l'inquisition, qui faisait dire tout et n'importe quoi à qui la subissait. Cette façon de briser ou brûler les corps des "autres", avant de les exterminer.

Justement, j'y reviendrai plus tard dans cet article et, sans douleur, je vais d'abord répondre.

Faut-il transformer les écrans en aquarium ?

Je n'en suis pas partisan. Tout d'abord, pourquoi vouloir se libérer en emprisonnant un poisson rouge ? Et qui de l'écran plat ou du poisson sera le plus à plaindre ? Vous voyez vous même que ces nouvelles questions sont plus saugrenues que celle du départ et, qu'à moins de faire appel au plus télévisuel des philosophes, ce spécialiste s'il en est des réponses idiotes à des questions débiles, du genre "au second tour, pour qui ne voterai-je pas ?", vous l'avez reconnu, nous ne nous en sortirons pas.

En fait, vous savez, la télévision, comme tous les écrans, n'est qu'un concentré de technologie comme l'était une radio en 1940. On pouvait y écouter Radio Londres ou Radio Paris, et même les deux. On pouvait y trouver des informations pour agir ou pour se soumettre. Et, parfois, à travers la propagande et derrière des "chansons françaises", deviner les rages d'un collabo ou des occupants permettaient à ceux et celles qui étaient si seul.e.s de s'y sentir moins. Alors, serait-ce parce que l'on voit les tronches des collabos sur écran, et en couleur, que la perspective a changé ? Non, je ne regarde pas la télé en cachette du voisin. Et de toutes façons, j'écris mieux que lui.

Et si c'est pour retrouver sur les réseaux sociaux le lendemain les "morceaux choisis" de la veille diffusés sur des "chaînes d'infos ou de divertissement", autant que je me sois indigné devant l'original, non tronqué. J'aurais au moins eu le plaisir qu'on ne mâche pas mon indignation.

La télévision, si elle reste une question, c'est bien dans son mode inquisition. Et, je l'avoue, je me l'inflige, et ça fait mal. Je ne suis pas masochiste pourtant, seulement curieux de savoir comment tant de millions de personnes regardent sans souffrir, et par quels moyens, comme le ferait une tique qui insensibilise sa proie, l'écran plat perfuse sa victime.

Et il y a tant de "journalistes", ou de faux journalistes animateurs, voir des "spécialistes", des maîtres chiens de garde ou des intellectuels périmés, des pianistes à cordes, des figarous à poils longs, des charlies qui ne sont plus personne, pour opérer ces tours de magie sous pixels. Cette même faune fréquente aussi les marchés des réseaux sociaux où iels revendent le boudin frais et le tout un fromage du jour même. J'oubliais, ce marché est monétisé par cinq ou six éleveurs, distributeurs de susucres ou de billets à publier ou commenter. Bref, même si on déteste le cirque, son chapiteau reste fréquenté.

J'irai même un peu plus loin. Sous le prétexte que, même dans les librairies, on trouve des horreurs sur les étagères et dans les devantures, est-ce pour cela que vous ferez du feu avec les étagères, avant d'aller "prendre l'air", puisque vous n'aurez même plus un "bon livre à lire" ?

Vous n'aurez pas raison de ma mauvaise foi.

Tiens, justement, et pour couper court, et sans savoir si je dois qualifier l'objet de livre documentaire, de film livresque, d'objet de télévision, je voulais juste vous inciter à sortir le poisson rouge et vider l'eau, pour regarder ce que tout le monde devrait voir, entendre et lire, un homme qui réfléchit en couleur et noir et blanc, sur ce que personne ne veut savoir et ce que tout le monde sait.

Regardez ce film en quatre parties, c'est une sortie dans le monde, une échappée sur le passé et l'avenir, un coin de réflexion fiché dans le talon de l'humanité. Et aussi une question. Cliquez dans l'image, vous y êtes presque :

 

 

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