Cette guerre en Ukraine a ceci de fâcheux qu'elle nous empêche de parler de nos soucis quotidiens, vous ne trouvez pas ?
Elle nous détourne de nos vrais problèmes, des compétitions électorales, de l'impatience de l'arrivée du colis Amazon, des petites phrases qu'on aime tant et qui font grandir... On ne demande plus la démission de Blanquer, on ne parle plus cuisine française et vins de pays, et les ombres de la mort et de la guerre nous coupent l'appétit.
Une vraie atteinte à nos valeurs patriotes.
Pour m'insoumettre contre cela, j'ai décidé de ne plus aligner mes rangs de poireaux.
Enfin quoi, une guerre, que de fins esprits avaient pronostiquée, tant l'OTAN menaçait un président russe respectueux des intérêts de son peuple. N'y avait-il pas eu déjà assez de menaces de l'Occident lorsqu'il avait permis à la Crimée de se libérer du joug de ses oppresseurs nazis ? N'avaient-on pas prévenu que la main de l'impérialisme américain était déjà à l'oeuvre dans ces fausses mobilisations populaires de 2014 ?
Et tout cela porte atteinte si gravement aux futurs contrats que devait signer le Fou du puits avec Poutine, pour faire briller la chouannerie française en Russie, et au passage récolter quelques roublardises sonnantes et trébuchantes ?
Comment maintenant faire crédit à Poutine et vivre du sien, après qu'il soit sorti malencontreusement de ses gonds face à la menace de l'OTAN ? "Ami Poutine lève donc ton verre... ne le renverse pas... il est des nôoootres" ne résonnera plus à la cave. Elle est maintenant pleine de réfugiés.
Et cela bouscule les calendriers.
C'est vrai quoi, n'étions nous pas en campagne ? Ne devions-nous pas être amenés à choisir entre la viande et le fromage ? Entre l'immigré et le croyant ?
Comment ne pas croire au grand remplacement, lorsqu'il est pratiqué par un ami de l'Est ? Quelqu'un demandait comment on allait faire pour renvoyer en musulmanie tous les colorés d'ici ? On a une réponse devant nous : la guerre. Bientôt deux millions de personnes déplacées en à peine deux semaines, vous voyez bien que tout est possible.
Oui, toutes ces promesses de propreté de nos campagnes vont-elle être évincées de nos écrans télés, à cause d'une fâcherie légitime d'un ami ? Travaillons donc à la paix pour pouvoir reprendre nos meetings et regarder la suite de notre série Netflix, en même temps.
Cessons de nous aligner sur des principes de solidarité.
Nous allons finir par fâcher aussi l'autre, qui tisse ses routes de la soie. Oublions la Tchétchénie et les Ouïghours, et revenons au pouvoir d'achat. Déjà qu'on avait réussi à se débarrasser des histoires de Moyen-Orient. Tiens, là aussi, l'ami s'en occupait. Souvenons-nous que pour Alep, il s'était montré serviable. Quels ingrats nous sommes, qui ne savons plus reconnaître le vrai impérialisme de ses hologrammes !
Cette campagne est importante pour la démocratie, que diable ! Et on va exiger un débat avec le sortant et lui faire dire, qui de la bombe ou du nucléaire est l'essentiel. On lui fera cracher à la face des français si il est toujours pour l'effacement culturel de la France et la fin du polyphosphate.
C'est important le polyphosphate.
Se faire voler une élection une deuxième fois en 5 ans, et voir un ami français qui aurait du la gagner être contraint de quitter sa pré retraite auprès des amis de gazprom, avouez que c'est trop quand même.
Et voilà que des hurluberlus à leur tour défilent pour autre chose que le pass sanitaire et les vaccins, ajoutant du bleu au jaune, comme on ajouterait "la guerre à la guerre".
Voilà qu'ils nous parlent de guerre alors qu'il ne s'agit que d'une opération spéciale. Notre ami Poutine va encore se fâcher. Cessons cette désinformation, les élections sont dans un mois.
- "Qu'est-ce que tu écris ?"...
- "Rien, je déconne !"
On me fait savoir qu'il n'y a pas que la campagne électorale qu'on veut nous faire oublier avec cette opération spéciale, ici brandie comme une guerre, sur les écrans. Il y a aussi les bombardements américains au Vietnam, le blocus de Cuba, le mensonge sur les armes de destructions massives en Irak, la domination de Coca Cola, l'impérialisme de Mac Do et le complot mondial de Pfizer.
Non, le ciel d'Ukraine n'est pas zébrés par des bombes, ce sont des chemtrails américains qui pulvérisent la démocratie.
J'aurais ainsi oublié le plus élémentaire, moi aussi. L'impérialisme est avant tout américain, car c'est là qu'habite le satan capitaliste. Toutes celles et ceux qui en divergent sont nos amis, surtout quand nous avons longtemps été à l'école Lénine ensemble.