La boussole et le caniveau

Gaza

On pourrait croire que la boussole n'indique qu'une direction, alors qu'en fait elle nous permet aussi un choix sans ambiguïté de toutes les autres, un simple repérage utile. Le caniveau lui, coule toujours dans le même sens de la pente, et charrie les immondices, ces déchets du réel.

Ces constatations bêtement posées, quel est le rapport entre les deux ?

Pour l'étudier, objectivons un peu les choses. Disons par exemple que le caniveau représente le petit monde médiatico politique, et la boussole, la connaissance et l'intelligence dans l'analyse du réel.

Vous voyez maintenant où je veux en venir ?

J'aurais pu, c'est vrai, dire directement les choses. Mais, que voulez-vous, je cède à la mode du moment à gauche. Je prend des biais qui m'arrangent en ne désignant plus rien par son nom. Et tant pis si cela sème la confusion dans le réel, tout cela finira au caniveau.

Ce matin du 7 octobre, en ouvrant le caniveau donc, je n'ai pu retenir un "qu'est-ce que c'est que cette connerie ?". Le caniveau charriait des images qui avaient débordé des réseaux sociaux, de la pure propagande déversée par les attaquants terroristes du hamas, se filmant pour le monde entier dans leurs "oeuvres de libération". Personne à ce moment ne parlait de la finalité exacte de ce débordement. J'en ai même vu s'extasier du professionnalisme des assassins, et on ne pensait qu'au mobile : "la cause palestinienne". D'où mon interrogation première.

Depuis quand devait-on reconnaître à des islamistes nationalistes, qui avaient à Gaza terminé de liquider ce qui restait de représentativité de la résistance palestinienne historique au milieu des années 2000, après des élections bidons, le titre de "combattant" de la cause palestinienne ? Et quel sens avait cette attaque d'un bras armé des maffieux islamistes de Gaza, adoubés il y a peu encore par l'extrême droite israélienne qui voyait en eux l'ennemi "utile" à financer via les patrons du PSG ?

Ma boussole me dit qu'il y avait là-dedans de vieux restes d'une politique internationale des Etats Unis un peu en faillite qui a au final créé Daesch, faute de savoir jouer avec des allumettes.

Bref, le hamas a mis en pratique, à l'issue d'une préparation minutieuse, ce qui constitue sa matrice idéologique, rappelons-le, totalement antisémite. Eux n'ergotent pas sur "sioniste" ou "juif", entre guerre et paix. Tout doit disparaître.

Parmi ces "belles images", entre celles d'un bulldozer libérateur et celles de parapentistes armés, il y avait celles d'une exhibition victorieuse d'un corps de femme dénudé, à l'arrière d'un pick up. Bah ! Un débordement d'enthousiasme pour la cause, sans doute ! Puis vinrent celles des prise d'otages. Bah ! De vilain.es sionistes qui le méritaient bien ! Finalement, fallait bien ça pour redonner de la fierté au Peuple palestinien ! Et, quelques 1200 morts plus tard, des massacres sans distinction mis à jour, le thermomètre de la fierté explose-t-il ?.

Le caniveau déborde de sang et de larmes. Et les boussoles qui s'y risquent sont emportées par le flot. Le spectacle dans le caniveau français-français varie selon les canaux et les relations politiques ou financières de leurs propriétaires. On appelle ça des "lignes éditoriales". Certain.es journalistes se sentent obligé.es d'en faire encore plus, pour leurs intérêts de carrière, en cédant volontiers à la pente. D'autres invitent des boussoles, à condition d'en bloquer l'aiguille.

C'est ainsi que l'on assiste depuis plusieurs jours, depuis ce 7 octobre, aux naufrages de boussoles dans le flot de larmes et de sang, aux côtés de rogatons et de vieux croûtons, de bactéries médiatiques toujours prêtes à infecter un débat, ou de déjections improbables.

Et, pendant ce temps-là, le barnum politique officiel et républicain fait retentir ses tubas et trompettes.

"T'as pas dit terroriste ? J'te cause plus !" entend-on à gauche. "Les fachos sont les seuls vrais défenseurs du Peuple israélien" clame-t-on à droite. "Faut tuer et dissoudre la racaille qui porte boussole" brame-t-on au milieu.

Le concert se tient à l'Assemblée, terminus elle-même d'un caniveau.

"Crimes de guerre, terrorisme, crimes contre l'humanitééé..."

Demandez le programme !"

J'ai souvenir d'une chanson qui se terminait par la voix d'un môme, nez en l'air, et qui disait :"t'as vu l'avi....."

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