Ce titre s'est imposé après que je l'ai entendu dans la bouche d'un animateur de plateau d'une chaîne d'infos, commentant la préparation de l'offensive terrestre de l'armée israélienne sur Gaza. Ce "journaliste" désignait ainsi les bombardements sur Gaza : "un préambule à la réaction de l'Etat d'Israël"
Ainsi, les milliers de victimes civiles à Gaza sous les bombes, les milliers de blessé.es sans distinction d'âge ou de sexe, le blocus d'une population civile assimilée au Hamas, serait un "exposé des motifs et des buts". Ces crimes de guerre, selon le droit international, serait une "entrée en matière".
Visiblement, alors que défilent enfin de vrais journalistes, des correspondant.es au fait du sujet, des historien.ns, des chercheurs, chercheuses... bref, des sachant.es, animer un débat en plateau ne demande décidément pas de se servir de son cerveau ou de profiter des intelligences qui passent pour progresser un peu.
Cela me ferait penser que la bêtise s'ajoute au terrorisme des émotions, le tout couplé à un suivisme politique des positions gouvernementales en lacets. Et on fustige les réseaux sociaux.
Je sais que cet article mériterait des prolégomènes, mais je suppose que depuis le 7 octobre, lectrices et lecteurs de ce billet se sont informé.es à d'autres sources que ce blog de gros mots politiques. Je pars donc du principe que vous avez évité la lie du caniveau et n'en avez suivi que les meilleurs tanins.
Car, depuis mon dernier billet, fort heureusement, l'intelligence a repris le dessus, jusqu'à produire à l'Assemblée quelques interventions que je n'espérais plus, y compris au "milieu". Le député centriste Jean Louis Bourlanges, énarque et natif de Neuilly, a par exemple "contextualisé" le 7 octobre, ses préludes et ses suites, ce qui d'ordinaire ferait de vous un antisémite sur n'importe quel plateau ou dans n'importe quel cocktail macroniste. Visiblement, l'ex UDF vire islamo gauchiste, à son âge. Je vous conseille vivement sa première et longue intervention de tribune.
Halte au feu ! Est-ce là impossible ?
Un commentateur éditorialiste sur le service public parlait en ces termes, après avoir survolé la retransmission : "On voit mal Israël suspendre sa réaction légitime, comme on le voit mal céder sur l'arrêt de la colonisation et demander aux colons de quitter la Cisjordanie". Le même venait de dire aussi qu'il "ne serait pas anormal que les populations de Gaza se réfugient dans le Sinaï et celles de Cisjordanie en Jordanie, pour fuir le Hamas". Oui, on entend aussi ces trucs là sortir du caniveau d'infos, alors même qu'une parole intelligente démontrait le contraire.
Ceux-là même qui parlent "d'importation du conflit en France", entretiennent la bêtise qui ne demande qu'à virer à la haine. Car, en fait d'importation, la question palestinienne ne fait que gratter les plaies de la haine du musulman et du juif et cela même en prêtant oreille complaisante à celles et ceux qui depuis le 7 octobre, nous reparlent de guerre civilisationnelle, de valeurs nationales et de religion. On a aussi entendu ça à l'Assemblée... Bref, en fait d'importation, ce serait plutôt à l'inverse la "priorité nationale" qui du coup serait mise en avant, "d'Israël" à "trop d'immigrés non intégrés".
Si plus de 4000 mort.es à Gaza dont presque la moitié d'enfants devient un préambule, que dire des victimes civiles israéliennes du 7 octobre ? Conclusion ou préface ?