Gifle, baballe et guirlandes

Qatar

Quelle belle fin d'année 2022 !

Adrien continue son match, le Quatar sa distribution de cadeaux, et le père Noël bat prématurément son record d'émission de gaz à effet de serre, le tout sur fond de racisme ambiant, orchestré jusque sur les chaînes de désinformation.
"On a battu les bougnoules ! On est en finaaale !", ainsi beuglaient des amateurs de bleu, bien blancs et buvant du rouge, à la santé de l'Equipe de France. Certains ont même mis la main à la batte, le soir de la demi finaaale, histoire de renouer avec les ratonnades d'antan, suivant ainsi les conseils d'Eric et de ses bollorés boys. Rassurons nous, c'est juste un jeu, paraît-il, en réponse à celui en boîte, l'Antifa, que les mêmes ont tenté de faire interdire.
Pour une fois qu'un cadeau du Père Noël avait de la gueule !

J'espère qu'une bonne âme va l'offrir à l'Adrien, histoire de lui indiquer comment renouer avec le militantisme et ainsi se racheter une conduite, plutôt que s'accrocher à sa place, alors que sa chaise a déjà disparu, en musique. Parce que chez ces gens là, on n'démissionne pas Monsieur, on n'démissionne pas, et on ne vote plus non plus, paraît-il, on s'obstine. Je connaissais la balle dans le pied, mais pas la rafale dans les deux. La gauche est ainsi bien servie par elle-même. Battements de mains des fafounets de l'Assemblée, comme des bruits de gifle bien coordonnés, en écho. Bravo l'artiste !

En cette période de sobriété et de vin chaud, parlons un peu du boycott de Noël. Il est tout aussi réussi que celui de la coupe du monde. On y met en avant le réemploi et l'économie circulaire parce que l'usine à phones neufs a bénéficié d'un zéro covid pointé par les dirigeants chinois. Mais à part ça, le marché s'éclate, comme d'hab, même à 19°.

Mais je ne vais pas vous raconter "la petite marchande d’allumettes", elle n'émeut plus personne.
En fait, tout est fait pour que les acheteurs de croisières ne croisent pas les embarcations de migrants en Méditerranée, tout comme les supporters ne voient pas les cadavres d'esclaves, au Qatar. Chacun sa télé réalité, et la télé sera bien gardée.
Il y a une seule exception à tout cela : la guerre en Ukraine.

Autrefois, la pub disait "bientôt sur vos écrans", quand elle annonçait un film. Aujourd'hui, pour l'Ukraine, c'est devenu "nous retrouverons Kiev après une courte pause".
Toutes les catégories de retraités militaires de haut rang, tous les vendeurs de livres pour l'occasion, côtoient les squatters de plateaux TV habituels, les spécialistes de tout et de rien, les philosophes du tout ou rien, les rémunérés pour services médiatiques rendus, et les animateurs qui se tirent la bourre, et ce, pour parler Ukraine et Ukrainiens, bombes et froid de tranchées, russes, viols et massacres, chacun.e au chaud, bien bien assis.e sur son cul.

Pour être honnête et ne pas faire injure aux journalistes qui séjournent sur place en Ukraine, tout comme à celles et ceux qui viennent sincèrement s'égarer devant les caméras, je me dois de mentionner que dans tout ça, parmi toutes celles-là, il en est qui nous informent vraiment.

Mais voir et entendre une "essayiste" mondaine ou une franc tireuse commenter à la langue de bois un reportage réalisé au péril d'une vie me donne mal au ventre et me met en colère. J'imagine aisément les efforts faits par celles et ceux qui "en reviennent", pour supporter ce retour "au bureau", entouré.es par les collègues, leur commentant les derniers exploits d'une ou d'un rédac chef à propos de la dernière interview d'un Michel Houellebecq ou d'un philosophe plus très au frais dans le même genre.

Mais, après la pub, revient l'Ukraine, surtout que la belle équipe a perdu son match.
Bon, entre les "c'est la faute à Macron, y porte la poisse" et les "si y avait moins de colorés dans l'équipe", on va bien avoir quelques saillies médiatiques, mais gageons que l'étoile qui manque sera encore celle d'un dourakine à la retraite, commentant une télé russe, sur une chaîne aux actionnaires qataris.

Et, pendant ce temps là, de vraies balles tueront, de vrais obus détruiront, pour préparer l'actualité du lendemain.

Pour celles et ceux qui penseraient que cette guerre en Ukraine me laisse simplement amer et ironique, aller donc lire par là plus sérieusement.
C'est l'utilisation sournoise et politicienne qui en est faite que je constate, simplement. Pas la solidarité qui s'exerce, fort heureusement.

Durant sa retraite du Qatar, le président en avion va probablement regretter d'avoir repoussé l'annonce de sa réforme des retraites. Il n'aura pas de héros en short surpayés à décorer, et une séance de félicitations passera inaperçue, et surtout ne durera pas, tandis que la corruption au parlement européen reviendra devant. Mauvaise pioche ! Il va pouvoir pleurer au téléphone avec Poutine, ça le détendra.
"On aaaa peeerdu !"

Le père Noël aurait à affronter une grève de lutins, paraît-il. Manquait plus que ça, les enfants pris en otages !

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